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MEDJEZ EL BAB de 1960 à nos jours ( 4)

C'est dur l'hiver des années soixante , il est méchant , glacial . Il est plus froid que celui de nos jours , le matin il gèle en permanence le ciel est constamment voilé il pleut des cordes quotidiennement ou presque les vents n'en parlant pas ils s'acharnent sur la ville tous les après midi avec une violence démesurée . Vraiment jadis l'hiver à Medjez el bab est dégueulasse indésirable tous les pauvres enfants le détestent le dénigrent et souhaitent son départ avec impatience car ses misérables ne peuvent pas lui faire face il n'ont ni la force ni les moyens pour le combattre . Cette saison est sadique autant elle est aimée par les agriculteurs autant elle est haïe par les enfants pauvres démunis car elle les empêche d'aller jouer de se libérer de faire le vide en l'obligeant à s'engouffrer chez eux avant la tombée de la nuit comme des poules mouillées priant dieu en silence qu'il fasse beau le lendemain .
Les années soixante la Tunisie avait connu une très grave crise économique le pire depuis son indépendance à cause de l'application hâtive d'un système socialiste importé immoral mal adapté au spécificité de la société tunisienne , vraiment c'étaient des années de braise et de galère . La Tunisie avait connu la famine et la pauvreté .Les riches malgré leur rang social et leur notoriété se sont appauvris et ont connu la famine et la misère que dire des pauvres qui sont déjà dans ce bourbier depuis leur naissance et bien qu'ils sont habitués à ces situations précaires , ils ont craqué et touché le fond ils vivent au jour le jour mangeant leur pain noir , et trainant leur maladie leur déception et leur colère avec beaucoup de patience et surtout de philosophie.
il n y avait ni travail ni investissement le pays chavire vers la banqueroute et la faillite le chômage atteint des proportions démesurées . Les hommes acceptent de travailler dans les collectivités ( Hadhira ) sans percevoir de salaire en recevant en contre partie deux kilogrammes de farine par jour juste ce qu'il faut pour maintenir leur famille en vie .
Le petit qui commence à peine à se mettre debout à bien manger chaque matin à sidi Ben Aissa se trouve contre son grée avec les enfants de son âge comme une plume dans le cœur cette méchante tempête qui souffle sur la Tunisie toute entière subissant la conséquence désastreuse d'un mauvais système économique qu'il n'ont pas choisi et qui a été imposé contre leur grée par des politiciens novices sans expérience . Imaginez une enfance malheureuse dans un pays pauvre qui coule qui prend de l'eau de tous bords . Imaginer un hiver agressif lourd dans un pays qui navigue à vue au pif au mètre comme un bateau ivre qui a perdu le nord sans aucun espoir qui pointe à l'horizon pour atteindre le bon port .
Des années sombres passèrent lentement ,le peuple tunisien impuissant perd de l'espoir avec le temps, démoralisé abattu erre comme des âmes en peine qui frôlent leurs chemins dans un champ de mine attendant désespérément un changement qui tarde à venir , priant dieu de lever cette calamité qui s'est abattue brusquement sur lui comme une foudre à cause de l'entêtement d'une classe politique impulsive bornée autoritaire qui n'accorde aucun intérêt à son peuple .Ce bon peuple pacifiste sobre calme docile comme un agneau qui suit le courant sans lever le petit doigt , marche dans le troupeau avec fatalisme sans se soucier de ce que lui réserve le destin il est il explique cette situation de merde comme étant un calamité qui s'est abattue sur lui et dont il ne peut rien faire en fait habitué à caresser dans le sens des poils .
Un jour le directeur de l'école demande aux élèves de quitter la classe pour aller accueillir le ministre de l'économie qui vient à Medjez el bab prononcer un discours important dans la salle Soltana et il les ordonne fermement de se mettre en rang devant l'école pour l'applaudir et lui souhaiter longue vie .Tous les écoliers étaient heureux de griller les cours et de rentrer chez eux avant l'heure quant au ministre c'était pas leur souci majeur car pour eux la politique c'est le dernier de leur préoccupation à part quelques uns les béni oui oui qui vous connaissez ceux qui effacent le tableau et ramassent les cahiers de classe et font les doux à l'instituteur .
La salle soltana était pleine à craquer il y avait beaucoup de monde le ministre était jeune beau gosse élégant bien vêtu instruit développait à voie haute un langage académique, incompréhensible, incohérent et énumère les avantages du système socialiste et le présente comme étant la meilleure ci ce n'est pas l'unique solution pour la Tunisie pour rattraper les pays développés et réaliser la paie sociale . Je suis pertinemment sur que personne ne comprenait rien de ce qu'il disait.
Ces épaves ignorants affamés qui assistent comme des comparses à cette réunion et qui occupent comme d'habitude les dernières rangées sont moches sales mal vêtus maigres avec des visages ridés secs carbonisés par le soleil et la famine et la misère . Ces cadavres vivants sont concentrés dans cette salle comme des prisonniers dans un camp de concentration nazi, mal vêtus , mal rasés avec des cheveux en bataillon dégageant des odeurs nauséabondes , tetenant entre les lèvres
des bouts des cigarettes de basse gamme de marque Hallouzi et Arti.
Ceux ci font semblant de suivre et comprendre ce qu'il disait et interrompent de temps en temps son discours fleuve par des applaudissements interminables injustifiables. Ces zombies oublient que ce monsieur qui fait étalage de ses connaissances économiques est le responsable de leur malheur c'est lui qui a plongé le pays dans cette situation de misère
.
Ces gens là on n'en veut pas ce lot de ferrailles ces racailles ces ordures sont beaux pour la poubelle car se sont eux qui ont encouragé ce ministre par leur applaudissements à foncer la tète la première dans sa sale besogne et à mettre en application cette politique désastreuse et à le pousser indirectement sans le savoir ne pas faire machine arrière .
Pour ce ministre je lui dis en face je te pardonnerai jamais pour le mal que tu m'as fait pour les longues nuits que j'ai vécues le ventre creux .Ce que tu as fait c'est un crime macabre contre le peuple tunisien .Je ne peux pas te donner raison même si théoriquement tes idées sont logiques et acceptables car sur le plan appliqué elles sont médiocres calamiteuses, catastrophiques nulles aussi bien sur le plan économique que social elles ont mené le pays vers la ruine et la déroute tu aurais du arrêter et réviser cette politique de fuite en avant rien qu'en voyant dans quel état étaient ces misérables qui assistent devant vous dans la salle .

..à suivre ........