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MEDJEZ EL BAB de 1960 à nos jours (2)

LA RENTRÉE SCOLAIRE


Les années passent lourdement péniblement avec les mêmes malheurs les mêmes douleurs. le pauvre ne peut ni rêver ni projeter des ambitions car il n'avait ni la force ni les moyens de les réaliser.

Il était très heureux quand son père lui acheta un tablier bleu orné d'un liseré blanc une sandale artisanale qui a été fabriquée par le fameux cordonnier Ouannes qui présente la même forme et le même design que celui qu'a porté Hannibal durant la guère punique sa semelle et son talon proviennent d'un reste de pneu usé d'une veille voiture CV4 ses sangles et ses lanières solides proviennent d'une peau d'une carcasse d'un chameau galeux. Ce type de sandales sont inusables elles tiendrons la vie mais elles présentent un inconvénient insignifiant celui de prendre la forme d'un arc des les premières pluies à cause des rétrécissements des ses lanières.
l'après midi son père l'a amené chez le coiffeur Am Ahmed KHALED pour lui couper ou précisément lui raser les cheveux si bien qu'après dix minutes le pauvre c'est transformé complètement il ne s'est pas reconnu ,sa tête dégarnie ressemble à une enclume déformée par les multiples coups des marteaux ou à celle d'un agneau calcinée, elle était grosse pale déformée et enchevêtrée,le pauvre n'avait pas l'audace de se regarder dans la glace tellement il était moche et défiguré . Avant de rentrer chez lui son père lui dit d'un aire autoritaire hé chétif tu dois dormir tôt ce soir , demain 1/10/1960 c'est la rentrée scolaire .Ne t'en faite pas père lui dit-il à voix basse il on a l'habitude d'aller au lit dès la tombée de la nuit avant même que les poules ne pensent à dormir.
Cette nuit le petit n'a pas fermé les yeux il attend avec impatience la levée du jour car il est sur le point de vivre une nouvelle expérience pleine d'espoir et de déception, une page de sa courte vie de misère est définitivement tournée . Le lendemain il s'est levé de bonne heure il marchait sur les pointes des pieds pour ne pas réveiller ses parents car toute la famille dort entassée dans une seule chambre comme dans une caserne,il enfile sa sandale appelée à l'époque "TARBAGA" met ses vieux habits sur les quels il porte son fameux nouveau tablier bleu , il était très heureux de porter pour la première fois de sa vie des nouveaux habits .
Le matin son père l'amena à l'école le petit le suit difficilement car la sandale qu'il portait à ses pieds était très lourde pour lui et elle lui fait très mal car ses semelles fabriquées à partir du reste d'un pneu manque de souplesse et d'élasticité , sur la chemin de l'École il y avait un ras de marée d'enfants propres beaux biens habillés avec des cheveux bien coupés et surtout ils portaient des chaussures et des sandales qui sont beaux à voir .Grande fut sa surprise quand son père lui dit nous voila arrivé tu vois ce vieux bâtiment c'est L école primaire Habib BOUGUIBA ou tu vas apprendre à lire et écrire j'espère que tu ne vas faire long feu et qui tu ne seras pas viré des les premières années comme tes frères. Ce bâtiment était auparavant l'hôpital de la ville .
L'école ressemble à une ferme agricole abandonnée avec un toit en tuile couvert de moisissure et des lichens et des murs lézardés présentant des boursouflures causées par une humidité prononcée . elle était en état de vétusté très avancée , son état présente un danger permanent pour les élèves .Un ouvrage pareil ne devrait en aucun cas être retenu en tant qu'établissement scolaire il ne peut servir à mon sens comme un lieu idéal pour le tournage d'un film d'horreur d'Alfred HITCHCOCK .

Au coup de sifflet du proviseur tous les élèves rentrent dans leur salle de classe, ceux qui sont propres bien épanouis avec des cheveux bien coupés ont occupé les premières tables et les autres qui n'ont pas été gâtés par la nature se sont isolés au fond de la classe pour se dérober des yeux inquisiteurs et moqueurs de leur camarades nantis (ouled nanati ) . Quand l'instituteur si Mohamed Djebali qui était un beau gosse de vingt ans vêtu d'un costume noir entra un silence lourd régna dans la classe tout le monde le suive des yeux comme un Messie il posa son cartable sur la table et commença à faire l'appel ils étaient un peut plus d'une quarantaine ensuite et sans perdre du temps il prend la craie tout en demandant aux élèves de sortir leur livre et ardoise et commence à écrire sur le tableau des lettres alphabétiques arabes.
Le petit bonhomme regarde avec stupeur et étonnement la complexité et les formes bizarres et étranges de ces lettres de l'alphabet qui ne s'écrivent pas de la même manière selon qu'elles sont au début ou au milieu ou à la fin du mot ou du verbe ainsi que les points qui sont posés tantôt au dessus des lettres et tantôt au dessous sans oublier les accents qui ont des fois la forme des bâtonnets d'autrefois fois celle d'un club de tennis placées pelle mêle au dessus et au dessous des lettres ,vraiment c'est du charabia c'est du casse tète chinois,il se demandait pourquoi l'écriture arabe est trop compliquée et indéchiffrable , nos ancêtres ont peut être fait ça exprès pour pousser les enfants à haïr l'école et le savoir et c'est maintenant une fois adulte qu'il comprend pourquoi les arabes sont les lanternes rouges en matière de développement et d'essor scientifique .
Trois heures sont passées dans la douleur le petit n'arrivait pas à suivre l'instituteur qui fait, il faut le dire de son mieux pour s'acquitter convenablement de sa tache ,car il a faim de loup et comme vous savez on ne peut pas se concentrer ni comprendre quoi que ce soit quand on à le ventre creux , surtout que le pauvre comme d'habitude , pauvreté oblige , de sauter le petit déjeuné.
A onze heure après la fin des cours il rentre chez lui déçu , démoralisé complètement vidé car il n'avait pas l'habitude de rester assied , de garder le silence et de se croiser les bras trois heures d'affilé sans repu tel un prisonnier .Une remarque est restée quand même gravée comme un tatouage dans sa mémoire jusqu'au jour d'aujourd'hui qui concerne la première leçon du manuel scolaire "ikraa" qui commence par "ba bakaron" cad "vaches" et qui dit vache dit débile bête bourricot ( à bon entendeur ) et aller dire pourquoi on a pas encore dépassé ce stade car tout simplement nous avons été vacciné dés notre prime enfance contre l'intelligence .
( à suivre..........)