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MEDJEZ EL BAB de 1960 à nos jours ( 1 )

INTRODUCTION

Il naquit à MOUATISS , un hameau isolé loin de quatre kilomètres vol d'oiseau de la ville de MEDJEZ EL BAB c'est une presqu'île entourée de ces trois côtés par l'oued Medjerda ses habitants sont originaires du sud Tunisien chassés par la BEY pour des raisons obscures .Pour ceux qui s'intéressent à cet exode forcé je les invite à regarder le feuilleton MATOUSS diffusé sur la chaine TV 7 il y a déjà trois ans.
A l'âge de cinq ans son père AHMED déménage pour habiter un quartier pauvre situé à quelques encablures de Medjez appelé Douar el Behi et ce par incompatibilité d'humeur avec ses voisins conformistes vaniteux et égoïstes et surtout parce qu'il voulait que ses fils aillent à l'école et apprennent à lire et à écrire surtout qu'à cette époque l' enseignement était gratuit et ne revient pas chère, on se contentait d'un livre d'une ardoise en bois , d'un chiffon artisanal et d'un tablier bleu acheté de Souk el Barrani (Friperie) quant à l'encre et la craie blanche elles sont à la charge de l'École.
Durant sa vie d'enfance il a connu quelques jours de bonheur qui se comptent sur les doigts d' une seule main mais beaucoup de malheurs , de déceptions et de douleurs il a vécu la pauvreté,la famine et la misère il a accepté la calamité du destin qui s'est acharné contre lui avec beaucoup de courage, de patience et de philosophie.
En 1960 il avait tout juste six ans il était comme la plus part des enfants de son âge chétif maigre mal nourri ,il tombait fréquemment malade parce que son corps n'a pas suffisamment de force pour se défendre il n'a plus de réserve
,il a juste l'énergie nécessaire pour maintenir ses organes vitaux en vie , alors au moindre changement de température au moindre courant d'air il cale il devient frileux, fébrile, fiévreux et il gardait le lit -en fait un lit à l'époque est un luxe qui n'est pas à la porté de tout le monde - on dormait par terre à même le sol entassé dans une seule chambre mal aérée.
Sa mère NEDJMA autoritaire mais elle a un cœur gros comme ça, elle est toujours au four et au moulin son souci majeur est d'élever ses enfants en l'absence de leur père qui travaille en déplacement dans une autre ville lointaine et de s' ingénier à trouver de quoi nourrir sa famille nombreuse car la mièvre bourse que lui envoie son mari chaque fin du mois couvre à peine les besoins vitaux de la famille quant au lait, viande fruits ils ne font pas partie de leur menu .Tous les autres problèmes quelques soient leurs degrés de gravité sont secondaires à ses yeux et ne méritent pas son attention.
Un jour quand elle a entendu son fils gémir dans un coin sombre de la maison comme un chien maigre, et qui refuse de demander de l'aide car le pauvre sait pertinemment que sa mère est dans l'incapacité de lui procurer des médicaments que dire de l'amener au médecin, elle s'approche de lui et met tendrement sa main sur son front en guise de thermomètre pour s'assurer s'il est fiévreux puis se précipite
sans s'affoler, la mort dans l'âme retenant ses larmes chercher une lame à raser usée gardée pour des situations pareils, car c'était la solution unique disponible et bon marché pour soulager son enfant fiévreux. Elle s'approche de lui et lui dit ne t affole pas petit, je vais te soulager et l'ordonne sèchement de s'accroupir elle entoure son cou avec un foulard en forme de garrot et elle sert fortement pour augmenter la pression de sang dans sa tète et sans attendre elle fait une à deux rangées de petites cicatrices sur son front si bien que le peut de sang froid qu'il avait coulait à flot et lui le pauvre avec des larmes chaudes qui coulaient de ses yeux tremblait de peur et de douleur sans rouspéter ni lever le petit doigt. quand elle a terminé elle a essuyé le sang et posé sur son front quelques morceaux de fève pour absorber la fièvre et l'ordonne de dormir en lui disant d'un air autoritaire demain tu iras bien imbécile que tu es, tache de ne plus jouer au soleil.
Le lendemain sa mère a décidé d'emmener son fils à l'hôpital car la fièvre persiste encore et son état s'est détérioré davantage .Elle a pris le carnet de soin appelé à l'époque ( carnet de la pauvreté) elle a mit son vieux
sefsari blanc qui représente l'unique habit de valeur qu'elle possédait et qu'elle gardait avec soin depuis son mariage .Elle presse le pas pour gagner l'hôpital qui se situe à la Nouvelle Cité (bled ejdida) le pauvre enfant était tellement faible qu'il ne pouvait pas tenir le rythme soutenu de sa mère alors il tangue et chavire dans la route comme un bateau ivre et sa mère ne se soucie guère du calvaire qu 'endure son fils derrière elle .Elle poursuit son bonhomme de chemin avec détermination pour arriver à l'hôpital à l'heure .Ce petit regarde à droite et à gauche avec stupeur et étonnement le nouveau monde qu'il vient de découvrir. Il voit des maisons battues en durs des routes goudronnées des voitures des gens qui s'attablent sur le trottoir devant le café el joumhouria ( elle était un bar à l'époque ) regardant les va et vient en fait c'est la première fois qu'il quitte la maison et visite la ville. à sa gauche il y avait un grande cathédrale avec un coq perché sur son toit c'est le plus haut bâtiment de la ville .Sa mère lui dit d'un air autoritaire regarde devant toi, ce bâtiment c'est le lieu de culte des maudits infidèles ( Koffars ) tu aurais du regarder la mosquée des musulmans qui porte un croissant sur l'extrémité de son minaret qui s'oriente vers la MEQUE .Après avoir traverser le grand pont construit il y a quelques siècles par Mourad Bey et qui enjambe la rivière Medjerda et qui constitue le fleuron de la ville de Medjez el bab il a vu un grand bâtiment composé de deux étages appelé cicita il s agit en fait d un hôtel avec des vérandas en bois .quand ils arrivèrent à l'hôpital , le pauvre était au bout de ses peines il n'arrivait pas à tenir une posture correcte tellement il était fatigué.
A l'hôpital il y avait un monde fou qui attendait monsieur
Abdelmoula l'unique médecin de la ville . Il y avait un vacarme assourdissant des bousculades des enfants qui crient tout le monde parle à voie haute et au même temps .Des femmes moches sales qui s'embrassent qui s'insultent c'est comme dans un souk c'était l'anarchie totale . Des fois un infirmier appelé Bou laaress sort de son bureau pour sommer à haute voie cette foule de se taire en la traitant de tous les noms il utilise des fois des gros mots pour les intimider.
Soudain une jolie voiture de couleur noire arriva il s'agit d'une traction des années soixante qui ne laisse personne indifférente tellement elle était propre qui annonce l'arrivée du médecin et d'un coup tout le monde se tait le petit s'accroche à sa mère par peur que le médecin ne lui prescrive des injections car à l'époque celles ci étaient grosses comme des pompes à bicyclette et font très mal.
l'infirmier avance vers lui et lui tend un thermomètre et ordonne sa mère de mettre ce truc la ou il fallait sa mère a compris le message elle abaisse le short de son fils et enfonce entièrement ce clou dans son rectum . Quand son tour viendra sa mère se précipita vers le médecin avant de lui avoir retiré cet appareil qui dégageait une odeur de pétrification à cause des matières fécales collées sur lui .Le médecin avec une lampe électrique éclaire ses amygdales puis sans prononcer un mot il lui prescrit les médicaments nécessaires.
Grande fut sa surprise quand la pharmacienne de lui l'hôpital lui donne une poudre blanche et un bouteille de sirop très sucré le pauvre avec ce qu'il lui reste de vie rentre chez lui portant la bouteille de sirop de couleur rouge très sucré comme un oscar . A la maison il l'a cachée avec soin dans un endroit sur loin des regards de ses frères car un produit sucré chez lui c'est une
denrée rare .